En France, environ 20 % des accouchements sont déclenchés artificiellement. La majorité d’entre eux le sont pour des raisons médicales. D’autres, en revanche, répondent à des impératifs de plannings de certaines maternités, médecins ou parents. Mais attention : la nature n’apprécie pas toujours qu’on la contrarie !
Accouchement provoqué: se rassurer?
Certaines femmes sont très angoissées à l’idée de l’accouchement et supportent difficilement de ne pas savoir quand et comment exactement va se passer ce moment. Elles optent donc parfois pour l’accouchement déclenché ou accouchement provoqué. Certaines petites maternités programment la plupart de leurs accouchements pour des raisons de planning et de disponibilité du personnel médical. Il arrive aussi que des médecins – heureusement pas la majorité -, parce qu’ils ont prévu un week-end ou des vacances, optent pour le déclenchement d’un accouchement qui se serait passé le plus normalement du monde si on avait laissé faire le temps et la nature.
Certains médecins défendent même l’idée de la systématisation de cette option, hormis dans les cas de grossesse difficile ou à risque et dans certaines conditions d’accueil de la maman. C’est le cas du docteur Christian Fossat qui exerce à la polyclinique Jean Villar de Bordeaux et pratique cette technique avec ses équipes. Il voit dans la programmation systématique, quand le bébé se présente bien et que la maman ne présente pas de risque particulier, bien des avantages : un meilleur confort psychologique de la patiente qui a pu s’organiser pour faire garder ses enfants, prévenir sa famille, et qui évite ainsi les allers-retours domicile maternité pour faux travail ; une meilleure sécurité du bébé grâce à une surveillance du travail dès le début ; une plus grande sérénité des médecins, anesthésistes et sages-femmes qui peuvent travailler uniquement de jour, donc plus reposés.
Le docteur Fossat, s’il met en garde contre les risques de dérive, insiste sur l’innocuité de la méthode quand elle est intelligemment pratiquée, précisant qu’il n’y a aucune augmentation de durée du travail ni de souffrance pendant ce travail en cas de programmation.
Accouchement déclenché: risques plus élevés
Pourtant, d’autres spécialistes affirment que les contractions sont plus douloureuses lors d’un accouchement déclenché par injection d’ocytocine (hormone qui stimule le processus d’accouchement et dont on augmente la présence dans le corps artificiellement). De plus, lorsqu’il s’agit d’un premier accouchement, on compte 50 % de césariennes en plus car il arrive que le muscle utérin soit trop fatigué par ces contractions ou que les contractions provoquées ne soient pas assez efficaces pour provoquer une dilatation du col utérin et l’expulsion de l’enfant. Or, une césarienne – technique également parfois employée pour des accouchement « de confort » – est un acte médical, et comme tout acte médical, il n’est pas sans risques : il entraîne pour la mère des risques de mortalité et de mortalité plus élevés et pour le bébé plus de risques de détresse respiratoire ou d’hémorragies intracrâniennes.
D’autre part, une importante étude canadienne a démontré que le travail stimulé augmentait le risque d’embolie amniotique, une complication rare mais grave et parfois même fatale de l’accouchement. On peut donc aider la nature en cas de force majeure… mais mieux vaut éviter de la contrarier quand elle peut se débrouiller seule !